Exposition OSCILLATIONS Mouvement 1



Du 22 octobre au 4 novembre 2009. Commissaire d'exposition : Fabienne Fulchéri

Constituée de deux volets, Oscillations réunit une sélection d'oeuvres des étudiants diplômés de l'Ecole Régionale des Beaux Arts de Rouen. Dans le Mouvement 1, le spectateur bascule immédiatement dans un monde abstrait où tout paraît en constante transformation. La couleur et la peinture pure deviennent forme créant une géographie aléatoire et envahissante. Progressivement, la figure humaine réinvestit l'espace donnant à voir des corps en mutation. Plongé dans un monde fantasmagorique, le visiteur évolue dans un entre-deux jusqu'à se retrouver face à une réalité qui se révèle à ses dépends.

Dans l'entrebâillement... Quelques images

Anne Lemarchand, Lanterne magique, Septembre 2008. Rétroprojection sur écran d’une vidéo de 7 minutes, uniquement composée de 2 images (à gauche) et Couloir Lycra de Sophie Mari (à droite). Voir sophiemari.blogspot.com pour plus de détails.

Les photographies utilisées ici s’inscrivent dans une recherche d’atmosphères lumineuses, entre-deux où le soleil se couche sur la ville, cet instant du jour où il ne fait pas tout à fait nuit, mais où les réverbères s’empressent de prendre le relais, où les lumières des intérieurs s’allument transformant les maisons en lanternes magiques. Toutes ces lumières électriques, comme des reflets de soleil, sont des parcelles lumineuses qui restent prisonnières sur la ville. Ces lueurs qui proviennent de l’intérieur des bâtiments embrasent la rue. 

Choisi dans le cours des choses mais pas détaché de lui, l’instant photographié appelle l’image suivante, qui ne viendra que lentement prendre la place de la première. Ces deux images au point de vue strictement identique, introduisent un infime mouvement dans le fondu de l’une à l’autre, qui dure près de deux minutes. Ce temps est celui de l’extinction d’une des fenêtres de la maison. On passe de l’éclairage à l’extinction sur un temps étiré, ralentit, alors que la perception réelle de cette action est d’ordinaire immédiate. 

Ce travail cherche à questionner l’image projetée, en n’y voyant rien bouger, le spectateur déduit sans doute qu’il ne s’agit que d’une photographie. Hors il y a bien un mouvement, mais si lent, qu’il en devient quasiment invisible à l’oeil. Le spectateur observe alors une vidéo qu’il ne voit pas bouger et dont il subit le mouvement malgré lui, insidieusement. 

Dans l'entrebâillement... Quelques images



OEuvre commune, 2009 Vidéo projection sur écran pénétrable, couloir de portes 


Afin de renforcer la relation d’oeuvre à oeuvre, Sophie Mari et Anne Lemarchand ont pensé ensemble une installation qui associerait leurs deux pratiques; l'installation et la projection. 

Il fallait ainsi se confronter à l'espace de la cave pour élaborer une projection et concevoir un dispositif pénétrable qui tienne compte du lieu, créant une cohérence entre l'image et l'espace. La cave est constituée de différents espaces délimités par des piliers et des voûtes, elle est morcelée, compartimentée, et on ne peut pas l’envisager d'un seul coup d'oeil. 

Chaque cellule formée est à elle seule une petite pièce et chacune de ces pièces est différemment conçue et éclairée en fonction de sa disposition. Anne en a choisi une pour la photographier et a décidé de la projeter à un autre endroit afin de bouleverser sa disposition initiale. Cette projection agit alors comme une sorte de trompe-l’oeil, qui tord l'espace sur lui-même. 

Même si la projection intervient sur un écran, il est possible de pénétrer l'espace interverti en entrant par la porte ménagée au centre de l'image. Cette porte donne accès à l'installation de Sophie, Pièces gigognes. Lorsqu’on franchit cette porte, une seconde apparait, tandis que l'image projetée nous poursuit. Passé cet étonnement, et la frustration de ne pas bien comprendre le sens de cet assemblage, on ouvre la seconde porte et on découvre une nouvelle porte. 

C’est un enchainement de dix portes successives que le spectateur va franchir au fil de sa lente progression. Dix seuils, pour ressortir à l’issue du dernier. Toutes ces portes qu’il a ouvertes alternativement vers sa gauche ou sa droite, recréent derrière lui un long couloir matérialisant l’espace qu’il vient juste de traverser, à défaut d’y être entré, car l’image projetée continue de le poursuivre. A-t-on alors réellement traversé l'image ?